L'agriculture normande face au Covid-19 : "On tient le choc"

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La semaine écoulée a vu la fermeture des marchés de plein air. A l'approche du weekend, nous avons voulu questionner des acteurs de la filière agricole normande sur la manière dont ils vivent cette période folle. Partout, le discours reste optimiste : "On tient le choc", nous ont ils chacun assuré.
La vente à la ferme plébiscitée
Olivier Blondel, éleveur de porcs à Grigneuseville, dispose d'un magasin à la ferme. Sa réponse est claire : "Pour l'instant ça va, la demande et l'offre collent à peu près. En ce qui nous concerne, on n'est pas logés à la même enseigne en fonction de nos différents canaux de commercialisation. Du côté des particuliers, on a du mal à faire face à toute la demande."
Côté humain, à la ferme d'Hermesnil, l'équipe tient bon : "Tous les salariés sont là, avec plus ou moins d'inquiétude. On évalue tous l'enjeu du truc." Et la filière reste stable : "nos fournisseurs tiennent le choc. On a néanmoins fait un peu de stock. Notre abattoir tient aussi, c'est vital. Si on n'a plus d'abattoir, on arrête tout, on ferme."
Olivier Blondel continue les livraisons de magasins de producteurs en ville. Il observe une hausse de commandes de leur part de l'ordre 40%. Reste les pertes, manifestement à la marge pour la Ferme : "On a perdu les collectivités et les restaurants, mais ça ne représente que 5% de notre chiffre d'affaire."
L'aquaponie se réorganise
La ferme Aquaponique du Cotentin, située la Glacerie à côté de Cherbourg, produit des légumes et des truites sous serre.
Installé depuis 1 ans, Laurent Queffelec ne peut que constater un bouleversement depuis le début de la crise sanitaire. Ses conditions de travail ont beaucoup changé en une dizaine de jours : "On faisait la majorité de notre chiffre d'affaires avec les restaurants. On a essayé de trouver une stratégie pour faire face à leur fermeture."
Laurent Queffelec a observé une nette montée en puissance des achats de la part des particuliers. Mais l'augmentation de ce marché ne compense pas encore la perte du premier : "La majorité sont des gens qui nous connaissaient déjà, mais commandaient peu. Et nous avons beaucoup de nouveaux clients. C'est incroyable"
Cette clientèle achète via La Ruche qui dit Oui. Laurent Queffeclec organise chaque semaine la distribution des marchandises de 8 producteurs locaux. Ainsi de quelques colis de producteurs d'autres régions. Pour des fromages notamment. Du Cantal, par exemple.
Outre l'offre locale, il analyse l'engouement des particuliers aussi par le mode de distribution proposé par la Ferme Aquaponique du Cotentin : "On détonne par rapport à l'environnement des centres commerciaux. Au magasin à la ferme, on ouvre une soirée par semaine. On a organisé la vente avec 5 clients par quart d'heure. Avant, on faisait un marché sous la serre. Dès le premier jour du confinement, on a demandé aux producteurs de nous livrer avant, et on organise tout"
Les produits Bio ont la côte
Côté distribution, nous nous sommes tournés vers Anthony Riet, gérant du magasin Biocoop de Grand Quevilly. Comme pour tout le monde, le Coronavirus bouscule tout, pas touches successives au gré des annonces du Gouvernement : "La vérité d'une semaine n'est pas celle de l'autre. On essaie s'adapter au mieux.""
Après le confinement, son magasin vit donc aujourd'hui au rythme des achats des particuliers de la rive gauche de Rouen désormais privés de marchés de plein air. Or, la marque Biocoop n'a pas attendu les appels du Gouvernement à la grande distribution de s'approvisionner en fruits et légumes locaux.
Des disparités dans les magasins Biocoop
Anthony Riet dispose d'une vision d'ensemble des magasins de l'enseigne dans la région : "A Grand-Quevilly, on se porte plutôt bien. Les gens viennent faire des courses pour plus longtemps. Avec en conséquence une forte hausse du chiffre d'affaires."
Mais tous ne vivent pas la même situation : "Pour les magasins de centre ville, on limite la casse, c'est entre -10 et 20% de chiffre d'affaires. Notamment à cause du snacking qui a été perdu. A Paris, la chute d'activité est très importante. Selon la typologie de magasins et de clientèle, la situation est très différente." De quoi donc donner des sueurs froides au service de logistique interne à la marque Biocoop.
A l'annonce du confinement, le magasin de Grand-Quevilly a dû encaisser un gros choc : "Le pic qu'on s'est pris sur le 16-17 mars, on a doublé ou même triplé les ventes sur certains produits. J'ai fait en chiffre d'affaires en 1 journée ce que j'avais en 1 semaine l'année dernière."
Une demande d'approvisionnement à la hausse vers les producteurs locaux
Une fois les rayons vidés, il a bien fallu les remplir : "Mais il faut que les producteurs soient en capacité de produire... On a peu de producteurs qui ferment leur production."
Pour faire face à la demande, de nouvelles relations s'organisent : "On s'est organisés avec deux maraîchers. On leur a fait un prévisionnel de chiffre, à eux de s'adapter. La fermeture des marchés est un énorme coup dur pour nombre de ses producteurs : On essaie de faire des commandes supplémentaires aux producteurs les plus impactés. On est allé jusqu'à payer à la commande pour leur faire de la trésorerie."
Reste que ce n'est pas simple pour les producteurs de gérer une forte hausse de la demande sur le mois de mars. Il y a notamment un pic de consommation sur les oeufs. :"Nos producteurs d'oeufs maintiennent une assez forte vente à la ferme. On a fait appel à deux fois à d'autres prestataires pour maintenir l'offre au magasin. Par ailleurs, on a eu une très forte demandede livraisons. Mais tous les magasins de l'enseigne ne le font pas."
Horaires spéciaux pour les personnels soignants
Comme les autres gérants de magasin, Anthony Riet constate un effrondrement de la clientèle en fin de journée. Il ferme donc son magasin plus tôt qu'à l'habitude.
Mais après consultation de ses salariés, il a souhaité mettre en place un créneau d'ouverture spécifiquement réservée au secteur médical : "A compter de la semaine prochaine, on va faire une ouverture le vendredi soir réservée exclusivement au personnel soignant de 18h30 à 19h45. Pour qu'il y ait moins de stress à leur niveau pour faire leurs courses."
Annuaire des producteurs locaux de Normandie
Agri-Culture.fr vous propose de trouver les producteurs locaux situés près de chez vous à travers un annuaire géolocalisé par code postal.
Les points de vente ouverts en normandie
Partie de la ville de Montrouge, une intitiative locale de présentation des points de vente ouverts pendant le confinement a fait tâche d'huile dans la France entière. Une carte collaborative permet à tous les citoyens de partager simplement les lieux ouverts ou fermés dans toute la France, mais aussi les horaires d’ouverture spécifiques au confinement.
Ça reste ouvert » : la carte collaborative des lieux ouverts durant le confinement #Covid19 ça se passe ici : https://www.caresteouvert.fr
Les marchés de plein air ayant obtenu une dérogation préfectorale
Département de la Manche : Beaumont (5 exposants)
Département de l'Orne - Argentan
Département du Calvados
ANISY
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Département de l'Eure APPEVILLE-ANNEBAULT
Département de la Seine-Maritime : Ambrumesnil
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