En Normandie, des expérimentations pour se passer du Glyphosate

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Le glyphosate est au coeur de l'actualité. L'interdiction annoncée de l'herbicide dans 3 ans par le Gouvernement français suscite des interrogations. Car le plan de sortie de l'utilisation du Roundup de la marque Bayer-Monsanto n'est pas encore écrit...
Le glyphosate en Normandie
Le glyphosate permet aux agriculteur de gérer les intercultures sans couvert (repousses dans les chaumes entre deux cultures). Ou avec couverts végétaux avant implantation d’une culture.
Il est aussi utilisé dans la gestion de la fin d’une prairie temporaire. En vue d’une nouvelle mise en culture (renouvellement d’une prairie ou implantation d’une culture annuelle). Egalement lors de repousses d’adventices dans les nappes de lin en rouissage. Et enfin dans la gestion de l’enherbement sur rang des vergers cidricoles en croissance
Sur le terrain, certains agriculteurs n'ont pas attendu cette échéance pour agir. Et ce, tant sur leur consommation du produit, que des phytosanitaires en général.
Un débat entre citoyens et agriculteurs était organisé le 13 juin à Yvetot par la Confédération Paysanne de Seine-Maritime pour étudier les possibilités de se passer du glyphosate. Pour s'informer sur le plan environnemental. Et s'imprégner des conséquences économiques sur la filière agricole française. Car l'interdiction à venir est une forme de concurrence déloyale vis à vis des producteurs français de part les importations.
Une attente sociétale
Présent à ce débat, Arnaud Apoteker, Délégué général de l'association Justice Pesticide, c'est fait sans surprise procureur de la molécule emblématique désormais propriété de la firme Bayer. Avec à la clé de la campagne en cours des pisseurs volontaires pour faire une analyse d'urines, l'objectif de porter plainte collectivement.
Pour Arnaud Apoteker, "Il y a une violence aux personnes d'êtres contaminées. Il y a au moins un motif à porter plainte, pour le manque de respect à notre intégrité physique. En 40 ans d'utilisation, beaucoup de questions autour de ce produit n'ont pas de réponse."
Déclaré cancérogène avéré pour les animaux et probable pour l'homme par le Centre International de Recherche sur le Cancer, le produit est déclaré potentiellement dangereux pour l'utilisateur et les consommateurs.
Le diagnostic posé, reste la délicate question de déterminer une échéance de la fin du glyphosate. Et peut être de saisir l'occasion d'avoir une vision plus large que ce simple produit. "Sortir de la chimie tout court, on peut le faire ou on ne peut pas le faire. Un accompagnement agronomique des agriculteurs s'avère indispensable. Et des aides financières aussi", pronostique Julie Letendre, secrétaire générale de la Confédération Paysanne de Seine-Maritime.
L'agriculture intégrée
Jean Bernard Lozier, basé dans l'Eure, pratique l'agriculture intégrée. Il est membre du réseau des fermes DEPHY. Avec pour objectif la réduction de 50% de l'utilisation de tous les produits phytosanitaires : "Si j'ai réduit de 60% l'utilisation des produits phytos, c'est pas uniquement pour faire marrer les coccinelles. C'est aussi par une prise de conscience de l'impact qu'on peut avoir par rapport à l'humain. Il faudrait repenser la position de l'homme dans la nature."
Action du plan ministériel Ecophyto, le dispositif DEPHY a pour finalité d'éprouver, valoriser et déployer les techniques et systèmes agricoles réduisant l’usage des produits phytosanitaires tout en promouvant des techniques économiquement, environnementalement et socialement performantes. Le dispositif repose sur un réseau national couvrant l'ensemble des filières de production et mobilisant les partenaires de la recherche, du développement et du transfert.
"La solution ultime et la meilleure serait que tout le monde passe en bio. Je dis banco, à condition que la société passe en bio aussi dans ses comportements."
L'agroécologie
Jean-Louis Dru, agriculteur en Seine Maritime, pratique l'agriculture de conservation des sols. Il est membre de l'association Sol en Caux. Il fait partie de ces agriculteurs véritablement "assis entre deux chaises" vis à vis de l'usage du Glyphosate. Car si les pratiques de semis direct en agriculture de conservation prônent la réduction drastique des produits phytosanitaires, la substitution au glyphosate reste à trouver. Car il n'y a plus de labour.
Face à la pression citoyenne, Jean-Louis Dru rappelle les fondamentaux qui l'animent : "Quand on fait une pulvérisation, c'est pour protéger ou sauver une plante. Pas pour embêter les gens. Si on travaille la nuit, ce n'est pas pour se cacher. C'est pour profiter des conditions climatiques optimales. On cherche à minimiser la quantité des produits utilisés, et on pense forcément aux riverains."
Forum Paysans - Citoyen le 13 juin 2019 à Yvetot - Photo B. Thiollent
Des aides de la Région Normandie
La Région Normandie souhaite influer sur l'émergences de nouvelles pratiques agricoles. Elle vient de lancer Plan expérimental "Glyphosate Normandie 2021".
Un appel à candidature est lancé jusqu’au 1er juillet 2019 auprès des exploitants agricoles qui souhaitent expérimenter des alternatives à l’usage des herbicides à base de glyphosate. 475 000 euros seront mobilisés par la Région sur deux ans dans ce cadre.
L'objectif de l'expérimentation menée en partenariat avec la Chambre d'Agriculture de Normandie est d'accompagner 50 exploitations agricoles qui s’engagent volontairement à supprimer de manière progressive l’utilisation des herbicides à base de glyphosate d’ici la campagne culturale 2020-2021.
Elles seront accompagnées sur deux ans dans le cadre d’un contrat de transition sous forme d’une aide forfaitaire de 80 € / ha et par un conseiller spécialisé d’une structure habilitée par la Région Normandie pour la réalisation d’un audit stratégique global.
En contrepartie, les exploitations retenues devront s’engager à :
• réduire l’usage du glyphosate à compter de la campagne culturale 2019-2020 (1er septembre 2019 au 31 août 2020)
• supprimer totalement l’usage du glyphosate sans substitution par un autre herbicide de synthèse à compter de la campagne culturale 2020-2021 (1er septembre 2020 au 31 août 2021)
• réduire l’Indice de Fréquence de Traitement (IFT) herbicides
• utiliser des techniques alternatives à l’usage des herbicides de synthèse comme méthode de substitution ;
• diversifier l’assolement avec un minimum de 4 cultures différentes à compter de la campagne culturale 2020-2021 ;• ne pas détruire les surfaces en prairies permanentes ;
• partager et valoriser son expérience avec d’autres agriculteurs par la mise en place de démonstrations, de visites et/ou de témoignages pendant une période minimale de 3 ans.
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