Dans le Pays de Bray, des citoyens s'initient à la fresque du climat

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Chaud devant, apocalypse now, si j'avais sû, chauffe Marcel...

Les blagues fusent au moment de trouver un nom à l'exercice du jour.

Mais au fond, aucun des participants à la fresque du Climat réunis à la Mairie de Neufchâtel ne semble avoir globalement envie de rigoler. Car après 3 heures de travail collaboratif, le constat est apparu. Implacable.

Avec des images illustrant les composants des phénomènes naturels et ceux liés à l'activité humaine, l'exercice se veut pédagogique. Et sans jugement sur les comportements humains.

Un atelier participatif

Autour des deux tables dressées à l'occasion, de simples citoyens du Pays de Bray, des militants d'associations environnementales et trois agriculteurs, dont le maire de Neufchâtel-en-Bray, se sont affairés toute l'après midi. Pour constituer un assemblage d'images sur des sujets environnementaux et les relier entre elles.

Dans l'objectif d'un partage d'analyses, l'établissement d'un constat collectif et une prise de la mesure du chemin à parcourir pour infléchir la tendance du réchauffement climatique.

La fresque s'est ainsi assemblée suite aux explications d'un animateur. Présent en permanence ensuite pour aider les participants à structurer leur vision. Et, pour bien marquer les esprits, à alterner observations d'effets à l'échelle mondiale et informations locales. Effet garanti.

"En Seine-Maritime, le niveau de la mer à globalement augmenté d'un mètre depuis 1950. Dans le Cotentin, sur la partie Est, des captages ne sont plus utilisables. Car le niveau de la mer est monté. Ils sont devenus saumâtres."
 

"Avec une hausse des températures. Avec une élévation de la température de l'eau. Qui va faire fondre les glaciers, la calotte glacière. Si la calotte glacière du Groënland fond complètement, le niveau des mers montera de 7 mètres. Si celle de l'Antartique fond aussi complètement, le niveau de la mer augmentera de 54 mètres. "

"C'est vraiment participatif, les gens s'approprient le truc", constate Dominique Chachuat, agronome de formation et animateur régulier de tels ateliers : "Dans cette fresque, on n'aborde pas du tout les solutions. On est là pour faire comprendre le phénomène. Dans la dernière heure, on commence à discuter. Mais on n'est pas là pour refaire le monde."

La Fresque du Climat comporte un double double objectif. D'abord révéler le principe de la boucle rétroactive. A savoir qu'un changement initial du climat provoque un changement secondaire. Qui à son tour, augmente les effets du changement initial. Amplifiant de fait l'effet initial. Et elle organise in fine la prise de conscience de chaque participant de son empreinte carbone. A travers l'observation des conséquences des choix en matière de chauffage, d'alimentation, de transports...

Morceaux choisis : 

"Le rejet de carbone en moyenne est de 10 tonnes par français. Pour tenir les objectifs de la Cop de Paris, il faudrait être à 2 tonnes. Depuis 3 ou 4 ans, notre empreinte individuelle diminue."
 

"A l'échelle mondiale, on n'est pas en France mal placés. Il y a des choses qu'on peut faire individuellement, sur le plan alimentaire. Entre une personne grosse mangeuse de viande et une végétarienne, il n'y a pas photo."

"10 kms en voiture thermique, c'est 1,9 kilos de Co2".

L'origine de la fresque du climat

On doit l'initiative de la création de la fresque du climat à Cédric Ringenbach. Ce professeur d'université a voulu expliquer les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) à ses étudiants de manière imagée.

Face au succès rencontré dans le milieu universitaire, une association a été créée sur le constat que les changement climatiques représentent un problème collectif complexe. Et qu'ils sont encore très mal compris par l’ensemble de la population.

En 3 ans, la Fresque du Climat s'est ainsi propagée pour permettre aux individus et organisations de s’approprier le défi des changements climatiques. Avec à la clé des chiffres impressionnants pour illustrer son succès : 800.000 participants, 35.000 bénévoles, 50 pays, 45 langues.

Le principe du passage de relai

Poussée par de cette viralité remarquable, cette étape de la Fresque du Climat à Neufchâtel en Bray s'inscrit dans le cadre du deuxième anniversaire de la création de la Veille Foncière Citoyenne en Pays de Bray.

Ce collectif de veille foncière citoyenne agricole et forestière entend vouloir former les citoyens au foncier agricole et à la transmission des fermes brayonnes. Et sensibiliser, informer, pour multiplier les installations et attirer les porteurs de projets agricoles à venir s’installer sur le territoire du Pays de Bray.

Depuis deux ans, le collectif déploie son énergie sur le complexe et incontournable sujet "Installation/Transmission/Foncier". Dans une logique de lanceur d'alerte sur "les montages sociétaires de plus en plus nombreux, des pratiques d’un autre siècle comme les « pas de portes », ou les transmissions d'exploitations agricoles à 1 ou 2 millions d’euros".

Avec ce rendez vous du jour autour du climat, quelque peu décentré de ses objectifs locaux habituels, la Veille Foncière Citoyenne a souhaité montrer à quel point la prise de conscience individuelle de chaque citoyen peut aboutir à des changements à l'échelle collective.
 

Photo : Veille foncière citoyenne en Pays de Bray