Houblon, malt, bière : la Normandie veut marquer la filière

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Les fondations sont là : la filière brassicole normande est prête à entrer en action.
Brassicole ? Mais oui, vous avez bien compris, il s’agit de bière. Et à quelques jours de la grande Fête de la Bière artisanale de Gruchet-le-Valasse, toutes les forces vives de la filière sont aujourd’hui réunies.
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C’est en effet lundi 25 mars prochain, que naîtra le dernier maillon manquant : une association de producteurs de houblons, Houblons de Normandie.
Et ce alors même que Normandie Malt, une malterie fraîchement installée prêt de Bayeux, devrait commencer sa production dans les jours qui viennent.
Petit retour en arrière : en 2016, les micro-brasseries commencent à fleurir partout en Normandie. S’engouffrant dans un marché prometteur, surfant sur l’envie de circuits-courts et de locavorisme, les brasseurs installent leurs marquent localement.
Pour pousser l’avantage de cette image de terroir, l’un d’entre eux sollicite la Chambre régionale d’Agriculture : pourrait-il disposer de malt 100 % normand ?
350 tonnes de malt 100 % normand
Le manque de houblon bio donne des idées
Une filière qui dépasserait les frontières de la Normandie
350 tonnes de malt 100 % normand
Sentant une demande grandissante, l’organisme consulaire, peu investi sur le terrain brassicole, décide alors d’explorer la faisabilité de la construction d’une filière régionale. Rien d’aberrant d’ailleurs, puisque la Normandie est déjà une grande productrice d’orge de brasserie.
Mieux : le plus gros malteur d’Europe, le groupe Soufflet, dispose d’outils industriels sur le port de Rouen… De trop gros outils en l’occurrence. Le volume à tracer 100 % normand est bien trop faible pour le groupe.
« Lorsqu’on les a contacté, on a constaté que ça ne les intéressait pas de faire de petits lots d’orge, de faire du sur-mesure pour les brasseurs normands », raconte Guillaume Mesnildrey, chargé de mission au sein du pôle Filières de la Chambre d’Agriculture.
Les brasseurs utilisent du malt d'orge : l'orge germée est grillée pour qu'elle dégage tous ses arômes.
© Pierre-Alain Dorange
Heureux hasard, un entrepreneur normand, Franck Polidor, se présente alors en 2017. Il annonce sa volonté de créer une petite malterie en Normandie : Normandie Malt. Il intègre aussitôt le groupe de travail des brasseurs normands.
Le projet se construit rapidement, la Chambre d’Agriculture jouant le rôle d’accélérateur, interface entre le porteur de projet, les agriculteurs, les brasseurs et les banques. Et la production, bio et conventionnelle, devrait être lancée très prochainement.
Guillaume Mesnildrey se réjouit : « Les machines sont en cours d’installation à la malterie et les premiers lots (de 4 t) devraient être maltés début avril. A l’année, l’usine devrait avoir une capacité de production de 350 t de malt. »
Un volume qui n’a rien de négligeable, quand la Normandie consomme entre 600 et 1000 tonnes de malt, au sein de ses brasseries.
Le manque de houblon bio donne des idées
En parallèle, le groupe de travail des brasseurs de la région poursuit ses travaux. En particulier, ils font valoir leurs difficultés à s’approvisionner en houblon et plus particulièrement en houblon labélisé Bio.
Il faut parfois plusieurs semaines pour obtenir la variété souhaitée. D’autres sont même parfois impossibles à obtenir sur le marché national. Une galère qui engendre des discontinuités dans la production des brasseurs, difficiles à gérer…
Cette demande qui n’est pas passée inaperçue auprès de certains agriculteurs, qui se positionnent sur le créneau. Un nouveau groupe est créé en mai 2018, avec 7 agriculteurs porteurs de projet. Tous ont un projet bio. Et ils créeront le 25 mars prochain, leur association Houblons de Normandie, pour commencer la structuration de la filière.
« Le houblon est une plante qui pousse un peu partout, assure Guillaume Mesnildrey. Elle supporte bien le gel, et même si l’humidité peut lui nuire, des techniques de culture peuvent aisément contourner le problème. L’un des principaux problèmes c’est le vent ».
Le houblon est une liane. la houblonnière, mâture à 3 ans, est donc portée par des haubans.
© Rita E.
Seulement, la Normandie n’est pas traditionnellement une terre productrice de houblon. Il faut donc tout construire. Cela commence par des essais de culture, pour sélectionner les bonnes variétés adaptées au terroir normand et aux attentes des brasseurs.
Ensuite, il faut envisager les investissements, notamment de matériel. Car si l’achat collectif d’une récolteuse paraîtrait l’option la plus évidente, elle est concrètement complexe voire impossible à mettre en œuvre.
La période optimale de récolte du houblon est en effet très courte (3 à 4 jours). Et les 7 producteurs engagés sont eux, bien dispersés sur le territoire normand. Et le séchage, lui, doit se faire à la récolte. A chacun donc d’envisager la construction d’un séchoir.
L’étape suivante de transformation, la mise en granulés (ou pellets), semble en revanche plus aisée à mutualiser. Elle pourrait se faire au voisinage de la malterie de Bayeux, créant ainsi un pôle brassicole au cœur du Bessin.
Une filière qui dépasserait les frontières de la Normandie
De quoi satisfaire les brasseurs qui voudraient sortir une bière 100 % normande, et qui trouveraient ainsi un lieu unique et relativement central d’approvisionnement.
Néanmoins les houblonniers normands ne comptent pas s’arrêter aux frontières de la région. Il y a un tel déficit de houblon bio en France que le marché est porteur au-delà de la Normandie.
D’autant que, même si une houblonnière met 3 ans pour arriver à maturité et exprimer son plein rendement (environ 1,5 t de houblon sec / ha), ils devraient largement dépasser les besoins des brasseurs normands.
Ce sont les fleurs séchées qui sont utilisées pour donner de l'arôme à la bière.
© Rita E.
En 2017, les brasseries de Normandie ont ainsi consommé environ 7 t de houblons secs. Sur ces bases théoriques, 1 ha pour chacun des 7 futurs houblonniers suffirait à couvrir les besoins normands…
Alors ? La Normandie deviendra-t’elle le terreau fertile de la bière française ?
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