Ecologistes et Agriculteurs : l'impossible dialogue ?

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Méchants productivistes vs Barbus utopistes. Dire que le dialogue entre écologistes et agriculteurs est difficile relève sans doute de l’euphémisme.
Vendredi 7 décembre, alors que deux grandes coopératives régionales s’unissaient pour mieux affronter le marché, les mouvements écologistes, eux, se rassemblaient à Rouen pour promouvoir une agriculture de proximité et sans produits chimiques.
Une soirée qui regroupait plusieurs acteurs du militantisme écologiste de la région : France Nature Environnement, Nous voulons des Coquelicots, Amap de Haute Normandie, Alternatiba, Plantes et Fruits Brayons, l’ARBRE, Demain l’Ecologie En Normandie…
Avec un objectif majeur : appeler à changement urgent et radical de l’activité agricole en France.
Pour l’interdiction rapide des pesticides de synthèse
« Il y a une vraie prise de conscience dans le monde agricole »
Un débat de société difficile à mener
Pour l’interdiction rapide des pesticides de synthèse
« En dépit des politiques publiques, on voit encore le taux de glyphosate augmenter dans l’eau potable, s’emporte Guillaume Blavette de France Nature Environnement. On arrive dans un moment d’alerte sanitaire ! »
Un point de vue évidemment partagé par Loïc Séron, représentant local de l’appel « Nous voulons des coquelicots » qui, au-delà du seul glyphosate, réclame l’interdiction pure et simple de l’usage des produits de synthèse. « Cette question nous concerne tous. Elle touche à l’eau, à l’air, à l’alimentation. »
Marie Atinault, représentante de FNE Normandie au Conseil Economique, Social et Environnemental Régional, renchérit : « On nous annonce des interdictions. Mais ce n’est qu’à la vente. L’usage de ces produits va se poursuivre et pas que chez les agriculteurs. Dans les jardineries aujourd’hui, les vendeurs encouragent les clients à faire des stocks. »
Un discours aux sonorités apocalyptiques qui semble mettre de côté un élément essentiel : le contexte socio-économique qui entoure la production agricole.
Qui semble seulement, car une fois les emphases passées, le sujet arrive comme une évidence. « On voit bien que ce système intensif ne fonctionne pas, puisque les agriculteurs ne vivent pas de leurs produits », argumente Marie Atinault.
« Il faut sauver les agriculteurs d’eux-mêmes », rebondit non sans un peu de condescendance, un sympathisant venu assister à une conférence de presse, lors de laquelle les intervenants étaient beaucoup plus nombreux que le seul journaliste.
Marie Atinault, organisatrice de la soirée, entourée de Jean-Yves Ferret et Marie Benoît (Beaubec Productions) et Michel Lerond, écologue (à droite) - © B. Delabre
« Il y a une vraie prise de conscience dans le monde agricole »
Pourtant, au milieu de ce discours d’abord unanime, Christophe Gauthier, apiculteur à Osmoy-Saint-Valery (76) vient apporter un peu de nuances. Il est le principal protagoniste du film « Demain l’abeille, la dette humaine », qui était projeté pour la première fois en public (en dehors du congrès des apiculteurs) le 7 décembre à Rouen.
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« J’ai de très bonnes relations avec mes voisins agriculteurs, raconte-t’il. Il ne faut pas croire. Il y a une vraie prise de conscience dans le monde agricole. Il y a des accidents, mais ils font de plus en plus attention à leurs traitements, aux doses, aux moments… »
Pour l’apiculteur, ce n’est donc sûrement pas aux agriculteurs qu’il faut jeter la pierre. « Ils ont un métier difficile. Rendez-vous compte : aujourd’hui, si on tient compte de l’inflation, j’achète mon lait moins cher qu’il y a 30 ans. »
« Nous voudrions tous que cela aille plus vite. Mais les vrais acteurs du changement, c’est nous tous, en tant que citoyens », insiste Michel Lerond, écologue et auteur du livre « Faire passer le message ».
Un débat de société difficile à mener
C’est donc bien le contexte politico-économique qui encadre l’agriculture qui est en cause et pas seulement l’agriculture. Evidemment la nuance est de taille et les représentants écologistes rouennais en conviennent : c’est bien un débat de société qu’il faut engager.
Pas si facile, tant les clivages semblent encore importants.
En témoigne, le profil du public qui assistait à la projection du documentaire de l’association Beaubec Productions.
Des militants écologistes pour la plupart, venus pour le film, mais aussi pour la Disco’ Soupe préparée par le Réseau des AMAP de Haute-Normandie et Alternatiba (et finalement annulée en dernière minute), et qui s’appretaient le lendemain à participer à la marche pour le climat.
« Nous étions un peu entre convaincus, et il nous a manqué un vrai débat contradictoire », résume Jean-Yves Ferret, le réalisateur du film. Dommage qu’il n’y ait pas eu quelques agriculteurs dans la salle pour nous apporter leur point de vue. »
Un souhait que sa scénariste, Marie Benoît, et lui-même espèrent voir réalisé à l’occasion de la projection du film dans un cadre plus rural.
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