Le projet Fou d'Normandie en détail

"Les journalistes, on s'en sert quand on en a besoin. Quand on a quelque chose à vendre". Cette phrase, prononcée par Coluche en 1985 est aujourd'hui toujours d'actualité.
Au regard du nombre de sollicitations reçues chaque jour, on pourrait donc croire que les médias roulent sur l'or. Pourtant, il n'en est rien. Le quotidien régional Paris-Normandie en liquidation, le journal éducatif Globules en cessation d'activité... le printemps 2020 est particulièrement cruel pour la presse normande. Doit on en conclure pour autant que le journaliste de presse locale est une espèce vouée à disparaître ?
Dans ce contexte, le média rural Agri-Culture.fr se trouve à la croisée des chemins. D'un côté, la perspective d'un site d'informations ne générant pas de pertes semble aujourd'hui hors de portée dans sa configuration actuelle. De l'autre, des perspectives se profilent sur des activités complémentaires (communication, formation et action culturelle).
Car le rôle d'un média ne doit plus se cantonner à la seule diffusion d'informations. Et même cette mission initiale doit se réinventer. A l'ère des données numériques, les informations locales méritent mieux que le déroulé chronologique orchestré par la presse locale. Et il serait temps d'agir vis à vis des réseaux sociaux. Plutôt que de subir leur concurrence sur le marché publicitaire et l'inconvénient majeur de leur logique de privilégier le buzz.
Nous avons entamé avec Agri-Culture.fr une diffusion d'informations à l'échelon régional. Avec un site et une newsletter partageant des informations des rédacteurs du site et des utilisateurs de sa communauté (Petites Annonces, Blogs et rubrique En Bref)
Nous souhaitons aujourd'hui vous proposer de participer à un nouveau projet.
Le projet Fou d'Normandie Nous avons initié l'an dernier l'étude d'un nouveau média web. Les circonstances exceptionnelles générées par la crise sanitaire nous motivent à viser désormais un contenu plus ambitieux et une logique de partenariats. Afin de le mettre au service de la relance économique.
L'ambition numérique de Fou d'Normandie est de proposer aux utilisateurs une sélection d'informations locales par géolocalisation douce (l'utilisateur saisit son code postal, il n'est pas pisté). Pour rassembler sur une même page une information rédactionnelle locale et des données numériques internes et externes au site web caractérisant les activités professionnelles ayant court sur ce territoire. Afin d'aboutir à un fonctionnement de type réseau social géolocalisé.
Ce flux d'informations a pour ambition d'être classé par communautés de communes. Générant ainsi une diffusion à la fois régionale et locale. Cette proposition d'inclusion de publications issues des réseaux sociaux est à double lecture. Elle permet d'abord d'offrir une solution de communication peu onéreuse aux acteurs locaux à travers un espace publicitaire à l'année dans le site. Et aussi de contourner les algorithmes des réseaux sociaux, peu propices à la diffusion des informations professionnelles locales ne faisant pas le buzz. Et si cette proposition de création de Fou d'Normandie était susceptible d'être amendée de propositions nouvelles de partenaires potentiels intéressés par la démarche ? C'est la question que nous souhaitons poser, au moment même où nous sont annoncés en même temps une crise économique majeure et de nouveaux possibles sociétaux. En étudiant la possibilité de diffuser des données numériques issue d'un "open data normand" : événements culturels et touristiques, vitrines des commerces locaux et comptes de réseaux sociaux professionnels.
Faire d'un média web normand un bien commun Nous n'avons pas la prétention d'avoir à ce jour LA solution. Mais, telles nos expérimentations en cours, nous souhaitons faire bouger les lignes en commençant par faire évoluer nos propres pratiques de gestion de projets. Cela passe par oeuvrer en commun pour dépasser la logique du "travail en silo". Le rôle du journalisme est devenu une construction mentale, façonnée par chacun selon ses attentes et opportunisme du moment. Nous avons la possibilité de le réhabiliter dans l'opinion. Sans grandiloquence, simplement en donnant à des journalistes les moyens d'accomplir une mission d'information locale sur les territoires. Observer, témoigner et utiliser au quotidien des outils complémentaires, tels que le son et la vidéo. Pour toucher différents publics et structurer des récits.
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Covid 19 : le choc numérique
Deux événements, majeurs par leur ampleur sont apparus avec le confinement : la solidarité et la digitalisation des usages. Des municipalités se sont affairées sur le sujet alimentaires, pour livrer ceux qui ne pouvaient se déplacer ou organiser des points de livraison de produits habituellement vendus au marché. Et des communes rurales ont créé des espaces d'expression numérique citoyenne (journal de confinement, web TV...)
En quelques semaines, le commerce local à basculé sur internet. Prises de commande de produits locaux. Mais aussi de vêtements et de bons d'achats pour anticiper la réouverture des bars et des restaurants. On ne va plus chez le médecin, on voit le médecin depuis chez soi. Et depuis mars, l'enseignement s'est fait à distance.
Face à cette période de crise sanitaire, les événements culturels mis en berne, nous avons été privés de nos sources d'informations habituelles. Nous avons entamé le traitement de l'information de l'organisation du confinement. Puis de ces conséquences. Nous avons alors décidé de faire une pause dans nos publications. N'ayant pas les mêmes enjeux que d'autres titres commerciaux.
Avec cette baisse de publications d'articles, l'audience a logiquement baissé, mais ne s'est pas éteinte pour autant. Avec la fermeture des marchés locaux, l'intérêt de nos lecteurs s'est en effet porté sur notre annuaire des producteurs locaux normands.
Publié en 2015 à partir d'une compilation d'annuaires existants, nous le complétons depuis cahin-caha au gré de nos découvertes locales.
Le site web Mon panier 76 a été lancé à la fin de l'hiver 2020. La Région Normandie a utilisé durant le confinement l'infrastructure web de la monnaie Rollon pour permettre la présentation de la carte des producteurs locaux normands. Au delà des annuaires, des cartes et des sites webs dédiés aux produits locaux proposant une recherche, il est temps d'apporter ces informations au lecteur sous la forme d'une sélection d'informations locales. Et d'y intégrer un référencement des initiatives de points de vente virtuels apparues sur le territoire normand durant la crise sanitaire.
Des actions innovantes : résidences de journalisme et actions culturelles
Soucieux de parfaitement comprendre les enjeux de la diffusion d'information, nous avons entamé un cycle de prise de rendez-vous avec des maires ruraux. Pour se présenter à eux et entamer un dialogue. Se parler... l'enjeu est majeur et la tâche relationnelle est immense. Car le numérique est un faux ami au niveau relationnel.
Mis au contact par nos reportages avec l'éducation socio-culturelle de l'enseignement agricole, nous nous sommes questionnés sur la capacité d'un média à partager son expérience, sous forme d'action éducative. Nous avons été appelés à partager notre expérience lors de la journée de la presse dans un lycée agricole. Et nous sommes aujourd'hui en mesure d'amener un sujet d'écriture sur un territoire. Afin de faire participer directement à un récit une population concernée. Dans une logique d'expression ouverte et d'acculturation aux médias.
Une résidence de journalisme en cours sur le thème Agriculture et Ecologie à la Maison Familiale et Rurale de Coqueréaumont nous permet par exemple de prolonger l'expérimentation entamée avec notre ligne éditoriale axée sur l'agroécologie. |
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Une autre résidence, concourant actuellement dans un appel à projets de la Drac Normandie, est composée d'un jumelage journalisme/art. Cette action a pour thématique le patrimoine. Elle est proposée dans un établissement scolaire agricole, en partenariat avec un musée rural. A savoir le Lycée du Bois d'envermeu et le Musée d'Histoire de la Vie Quotidienne de Saint-Martin en Campagne. |
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Une troisième, aussi sur ce principe de jumelage journalisme/art, et sur le thème de l'écologie, est en cours d'élaboration avec une commune de Clères en Seine-Maritime. |
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L'Art à la Ferme : En 2019, l’artiste plasticien Alain Penzes a "fait d'une pierre deux coups" lors des portes ouvertes de la ferme d'Hermesnil à Grigneuseville organisée par les époux Blondel : oeuvrer pour l'association et poursuivre sa démarche artistique personnelle. Cet événement à permis d'ouvrir la discussion avec des agriculteurs sur leur rapport à l'art. Donc pas seulement celui qui nous accueillait ce jour là…
Ces actions culturelles sont l'occasion de rassembler des artistes autour de sujets de société. Et de poursuivre ainsi l'expérimentation éditoriale initiale. Elles doivent cependant trouver d'autres modes de financement pour être pérennisées. En clair, ce que nous proposons à l'unité sur un territoire local pourrait être mutualisé par plusieurs bénéficiaires : intercommunalités, établissements scolaires, chambres consulaires et mécénat d'entreprise.
Agri-Culture.fr, d'ores et déjà vitrine des territoires
Agriculteurs, artisans, artistes, associations culturelles et collectivités sont les sujets de nos articles sur Agri-Culture.fr depuis maintenant 5 ans. Mais pas à la manière d'un journal local ou régional traditionnel. Sur Agri-Culture, il n'y a pas de faits divers ou de résultats sportifs. Ni de "radio potins" politiques. Mais un panel de nouvelles initiatives positives. Tant à travers de l'événementiel que des articles de fonds. Pour donner de la visibilité à des normands ayant peu de moyens de communication. Et aussi bien sûr à des initiatives déjà lancées.
Cette démarche a séduit jusqu'à 20 000 visiteurs uniques mensuels. Des lecteurs urbains et ruraux. Et notamment un nombre notable de parisiens.
La communauté d'Agri-Culture, les débuts d'un réseau social
Nous avons voulu avec Agri-Culture.fr un site d'informations ouvert à ses utilisateurs. Avec un espace communautaire incluant des possibilités de communication gratuites et payantes. Sous forme de petites annonces événementielles, d'informations brèves et de blogs. Nous avons voulu ainsi favoriser l'expression directe et faire profiter de l'audience d'Agri-Culture.fr.
Et partager ces informations des rédacteurs du site et des utilisateurs de sa communauté dans la newsletter hebdomadaire.
Les événements Culturels normands
Point d'entrée dans le site pour nombre de nos lecteurs, les événements culturels normands montrent le dynamisme des associations et communes normandes.
L'Art en milieu scolaire
L'art étant ancré dans notre ADN, nous avons entamé le récit des pratiques des artistes accueillis en en résidence dans les établissements scolaires agricoles. Souhaitant aller au delà du récit traditionnel de la presse locale, nous sommes allés à la rencontre de ces artistes durant leur résidence ou dans leur atelier.
Informer en pleine conscience de la défiance de la population à la parole de l'Etat et aux médias
Cette région Normandie, et en particulier la ruralité, nous la connaissons bien, en toute transversalité de publics et d'activités. Nous avons été observateurs des mutations de ces 5 dernières années. Le sentiment d'abandon vécu à la campagne, la crise agricole, la recomposition des intercommunalités, la montée en puisssance des produits locaux et l'émergence de la Région Normandie...
Notre travail d'écoute et de transmission d'information nous a mené à prendre le pouls des territoires. Pour relater des initiatives agricoles et culturelles dans la perspective de mettre en avant le verre à moitié plein. Sans occulter bien sûr les difficultés (crise agricole, incendie de Lubrizol...).
Pour avoir suivi nombre de manifestations, nous connaissons les rouages de la revendication. Sur des sujets dits clivants nous donnons logiquement la parole aux deux parties. Successivement, nous avons été accusés de faire le jeu de chacun des syndicats agricoles. On nous a pris aussi tantôt pour des militants écologistes, de droite et de gauche ! Ces critiquent nous honorent au final par leur diversité.
Une croissance lente
Sur l'enjeu éditorial, nous sommes convaincus de la pertinence de soutenir dans la durée un média déficitaire. Car son existence nous permet d'engager des actions complémentaires au service des territoires qui seraient impossible sans lui. Avec bien sûr, un travail de fond constant de développement. Pour lui permettre à terme d'atteindre l'équilibre.
L'annonce récente du passage du journal Libération sous statut de fondation à but non lucratif montre enfin une nouvelle voie. Il faut désormais se faire à l'idée de ne plus systématiquement confier les rênes des médias fragiles à des entrepreneurs de l'économie dite traditionnelle. Médiapart à été dès sa création sur ce modèle. Avec Libération, la preuve est faite au niveau national de la possibilité d'une transition. Un mouvement engagé à son niveau en 2019 par Agri-Culture.fr.
Mais Agri-Culture a toujours manqué de moyens. Sous capitalisation initiale, absence d'une équipe commerciale dédiée, dimension géographique de la nouvelle région Normandie... de ces handicaps sont nés des expérimentations éditoriales. Certaines validées, d'autres abandonnées. Adossées à l'époque de la SARL à une offre de communication. Et désormais avec le statut associatif, à de la formation et des pratiques artistiques.
La Fausse Biennale est éditrice d'Agri-Culture.fr, média culturel et rural normand.
Depuis 2008, l’association La Fausse Biennale a pour but autour d’un collectif de réflexion :
La création et l’organisation d’événements d’art contemporain et le soutien à des projets innovants liés à l’architecture, le patrimoine, l’éducation, le journalisme et l’urbanisme
La ligne éditoriale d’Agri-Culture.fr : un regard positif sur la campagne normande.
Agriculture : présentation et vulgarisation des innovations agricoles aux citoyens.
Culture : Actualité événementielle et reportages sur des pratiques artistiques et patrimoniales.
Adhésion à la Fausse Biennale
Pour 10 euros par an, rejoignez l'association la Fausse Biennale et inscrivez-vous gratuitement à la communauté d'Agri-Culture.
Association La Fausse Biennale
Atelier 1 - Résidence Néel - 96 rue Léon Blum 76300 Sotteville-les-Rouen
Contact : Benoît Thiollent - 06 13 71 86 82 - b.thiollent@agri-culture.fr
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