Garissa, 2 avril 2015 : l'Afrique est dans l'obscurité

148 personnes, dont 142 étudiants ont été assassinées jeudi 2 avril sur le campus de l’université de Garissa, au Kenya, par un commando de djihadistes.
Depuis le weekend de Pâques, les réseaux sociaux pointent du doigt les médias pour leur manque de relais de cette information. En établissant une comparaison aisée avec les attentats parisiens de début janvier et la mobilisation mondiale qui en a suivi.
C'est vrai. Si on observe la couverture médiatique audiovisuelle de ce terrible événement par rapport à "Je suis Charlie", on peut penser à une photo satellite du continent africain prise la nuit : très peu de points lumineux, l'obscurité quasiment partout. Mais peut-on tout reprocher aux médias sur cet événement ?
C'est sûr, avec une attaque débutée à l'aube et seulement interrompue en fin d'après midi par l'intervention des forces spéciales Kenyanes, on aurait quand même pu espérer un effort de la part de BFM TV pour tenter de joindre au téléphone des personnes cachées sur le campus (sur un tel sujet, un peu d'ironie ne nuit pas).
Même remarque pour les journaux de 20H. Habitués à des éditions poussées à 50 minutes en cas d'attaque terroriste en Europe, les internautes expriment leur étonnement de pas avoir vu un traitement de l'actualité africaine plus développé... Tout en reprochant la répétition des rares images tournant en boucle. Les photos des victimes de l'université de Garissa sont cependant à la fois terribles et suffisamment explicites pour ne pas être diffusées ad nauseam.
Pourtant, les médias de presse écrite font depuis le 2 avril ce que l'on peut appeler communément "leur boulot", apportant précisions et mise en contexte sur le plan religieux et sociologique. Mais les utilisateurs des réseaux sociaux les lisent-ils ?
Reste que l'anonymat des victimes, en comparaison à celles de début janvier à Paris, révèle la cruelle difficulté de traitement de l'information. Et donc de l'émotion. Le site d'information américain Buzzfeed a d'ailleurs tenté un début de personnalisation de ce drame terroriste, avec l'ébauche d'une liste des victimes illustrée de photos. Et des internautes du monde entier ont pris par la suite le relais sur twitter.
Et les politiques ?
Mais finalement, au delà d'une forme de traitement de l'information par les journalistes jugée à minima par les internautes, ne voyons nous pas en creux apparaître l'absence de déclarations de chefs d'Etats Africains sur le sujet ? Ceux là mêmes venus à Paris défiler à Paris pour Charlie.
On aimerait pourtant entendre leur voix suite à cette attaque du symbole de l'éducation, nouvelle étape franchie dans la barbarie en cette année 2015 décidément cruelle. Mais non, rien, c'est la nuit, le continent Africain est de fait condamné par leur silence à l'obscurité médiatique.
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- Blog de Benoît Thiollent
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Commentaires
Benoit Delabre
le 08 Avril 2015 à 09:22
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L'actualité va tellement vite
Gaëlle L
le 09 Avril 2015 à 10:13
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Il faut reconnaitre que,
Bertrand B
le 10 Avril 2015 à 10:11
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La presse réagit aux